[ Pobierz całość w formacie PDF ]

des Tomasis, devait être un précieux auxiliaire pour le com-
mandant de la Syphanta.
Tout ce début de la croisière dans l Archipel, la corvette
l avait fait sous les ordres du capitaine Stradena. Les premières
semaines de navigation furent assez heureuses, ainsi qu il a été
dit. Bâtiments détruits, prises importantes, c était là bien com-
mencer. Mais la campagne ne se fit pas sans des pertes très sen-
sibles au détriment de l équipage et du corps des officiers. Si,
pendant assez longtemps, on fut sans nouvelles de la Syphanta,
c est que, le 27 février, elle avait eu un combat à soutenir contre
une flottille de pirates, au large de Lemnos.
Ce combat avait non seulement coûté une quarantaine
d hommes, tués ou blessés, mais le commandant Stradena, frap-
pé mortellement par un boulet, était tombé sur son banc de
quart.
 132 
Le capitaine Todros prit alors le commandement de la cor-
vette ; puis, après s être assuré la victoire, il rallia le port
d Égine, afin de faire d urgentes réparations à sa coque et à sa
mâture.
Là, quelques jours après l arrivée de la Syphanta, on ap-
prit, non sans surprise, qu elle venait d être achetée, à un très
haut prix, pour le compte d un banquier de Raguse, dont le fon-
dé de pouvoirs vint à Égine régulariser les papiers du bord. Tout
cela se fit sans qu aucune contestation pût être soulevée, et il fut
bien et dûment établi que la corvette n appartenait plus à ses
anciens propriétaires, les armateurs corfiotes, dont le bénéfice
de vente avait été très considérable.
Mais, si la Syphanta avait changé de mains, sa destination
devait demeurer la même. Purger l Archipel des bandits qui
l infestaient, rapatrier, au besoin, les prisonniers qu elle pour-
rait délivrer sur sa route, ne point abandonner la partie qu elle
n eût débarrassé ces mers du plus terrible des forbans, le pirate
Sacratif, telle fut la mission qui lui resta imposée. Les répara-
tions faites, le second reçut ordre d aller croiser sur la côte nord
de Scio, où devait se trouver le nouveau capitaine, qui allait de-
venir « maître après Dieu » à son bord.
C est à ce moment qu Henry d Albaret reçut le billet laconi-
que, par lequel on lui faisait savoir qu une place était à prendre
dans l état-major de la corvette Syphanta.
On sait qu il accepta, ne se doutant guère que cette place,
libre alors, fût celle de commandant. Voilà pourquoi, dès qu il
eut pris pied sur le pont, le second, les officiers, l équipage, vin-
rent se mettre à ses ordres, pendant que le canon saluait les
couleurs corfiotes.
Tout cela, Henry d Albaret l apprit dans une conversation
qu il eut avec le capitaine Todros. L acte, par lequel on lui
 133 
confiait le commandement de la corvette, était en règle.
L autorité du jeune officier ne pouvait donc être contestée : elle
ne le fut pas. D ailleurs, plusieurs des officiers du bord le
connaissaient. On savait qu il était lieutenant de vaisseau, un
des plus jeunes mais aussi des plus distingués de la marine
française. La part qu il avait prise à la guerre de l Indépendance
lui avait fait une réputation méritée. Aussi, dès la première re-
vue qu il passa à bord de la Syphanta, son nom fut-il acclamé de
tout l équipage.
« Officiers et matelots, dit simplement Henry d Albaret, je
sais quelle est la mission qui a été confiée à la Syphanta. Nous
la remplirons tout entière, s il plaît à Dieu ! Honneur à votre
ancien commandant Stradena, qui est mort glorieusement sur
ce banc de quart ! Je compte sur vous ! Comptez sur moi ! 
Rompez ! »
Le lendemain, 2 mars, la corvette, tout dessus, perdait de
vue les côtes de Scio, puis la cime du mont Elias qui les domine,
et faisait voile pour le nord de l Archipel.
À un marin, il ne faut qu un coup d Sil et une demi-journée
de navigation pour reconnaître la valeur de son navire. Le vent
soufflait du nord-ouest, bon frais, et il ne fut point nécessaire de
diminuer de toile. Le commandant d Albaret put donc appré-
cier, dès ce jour-là, les excellentes qualités nautiques de la cor-
vette.
« Elle rendrait ses perroquets à n importe quel bâtiment
des flottes combinées, lui dit le capitaine Todros, et elle les tien-
drait même avec une brise à deux ris ! »
Ce qui, dans la pensée du brave marin, signifiait deux cho-
ses : d abord qu aucun autre voilier n était capable de gagner la
Syphanta de vitesse ; ensuite, que sa solide mâture et sa stabili-
té à la mer lui permettaient de conserver sa voilure par des
 134 
temps qui eussent obligé tout autre navire à la réduire, sous
peine de sombrer.
La Syphanta, au plus près, ses armures à tribord, piqua
donc vers le nord, de manière à laisser dans l est l île de Métélin
ou Lesbos, l une des plus grandes de l Archipel.
Le lendemain, la corvette passait au large de cette île, où,
dès le début de la guerre, en 1821, les Grecs remportèrent un
grand avantage sur la flotte ottomane.
« J y étais, dit le capitaine Todros au commandant
d Albaret. C était en mai. Nous étions soixante-dix bricks à
poursuivre cinq vaisseaux turcs, quatre frégates, quatre corvet- [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

  • zanotowane.pl
  • doc.pisz.pl
  • pdf.pisz.pl
  • actus.htw.pl